Parler du harcèlement avec son enfant
Parler du harcèlement avec son enfant | © IStock

Harcèlement : comment en parler avec son enfant

02/11/2019 Noémi Constans

  • Harcèlement
  • Education
  • Elémentaire
  • Collège
  • Lycée
  • Paroles d’experts

Accroche
Être à l’écoute, discuter, s’inquiéter... Voici ce que les parents peuvent faire quand ils sentent que leur enfant n’a pas un comportement habituel. Les conseils de quatre experts.

Et si mon enfant était harcelé ?

Marie Quartier, directrice du réseau Orfeee

Ce qui doit alerter les parents, c’est un changement notable dans le comportement et dans l’humeur de leur enfant. S’ils sont inquiets, il faut absolument en parler avec lui, en choisissant un moment favorable, où l’on est en tête-à-tête. Le trajet en voiture est une bonne option. S’il se livre, l’important est de lui faire sentir que l’on prend vraiment très au sérieux ce qu’il vit, en précisant que l’on ne porte aucun jugement et surtout en évitant de donner des conseils.

Cela pourrait sous-entendre qu’il est facile de se sortir de cette situation, alors que lui, justement, ne trouve pas d’issue. Vous pouvez lui demander ce qu’il attend de vous, lui proposer d’élaborer ensemble une stratégie, tout en lui affirmant que vous ne ferez rien sans son accord. Il doit voir en vous un allié, comprendre qu’il n’est désormais plus seul face à cette maltraitance. S’il ne vous parle pas, réfléchissez à qui pourrait l’amener à se confier (un parrain, un cousin, un ami très proche).

Amener l’enfant à se confier

Camille Benoît, psychiatre

Si le parent se demande si son enfant souffre de son apparence, il doit l’amener à se confier. Il peut, par exemple, raconter une anecdote : « Je me souviens quand j’étais à l’école, il y avait un jeune qui s’était fait embêter parce qu’il était tout petit... » Puis lui poser la question : « Et toi, comment tu te sens dans ton corps, est-ce que tu as peur du regard des autres ? »

Si c’est le cas, on lui explique très clairement que personne, absolument personne, n’a le droit de se moquer des différences des autres, c’est mal, c’est interdit ! Savoir distinguer ce qui est bien de ce qui est inacceptable va lui permettre de repérer plus facilement les élèves dont il faut se tenir à distance. On n’oublie pas non plus que, seul dans une cour de récré, l’enfant est une proie facile. Il faut donc l’aider, surtout s’il est timide, à développer un noyau amical en favorisant les rencontres avec des camarades de son école.

Comment éviter qu’il devienne harceleur ?

Catherine Verdier, psychologue

Pour qu’un enfant crée avec ses camarades des relations saines sans chercher à nuire, il doit avoir une bonne estime de lui-même et faire preuve d’empathie. Bien souvent, les harceleurs se sentent inférieurs et, pour être forts et gagner en popularité, ils ont besoin de rabaisser les autres. L’idée est donc d’aider son enfant à s’aimer et à être fier de lui dès le plus jeune âge. En l’encourageant, en le félicitant dans ses apprentissages, en lui consacrant une écoute attentive, sans minimiser l’importance de ses soucis.

Des gestes affectueux, des mots gentils feront de lui un petit être bien dans sa peau. Être capable d’éprouver ce que l’autre ressent peut éviter à un enfant de devenir harceleur. Il n’aura pas envie de faire subir à son prochain ce que lui-même ne pourrait supporter. L’empathie se transmet essentiellement par l’exemple donné par nous, parents, comme partager sa baguette avec un SDF à la sortie de la boulangerie, laisser notre place dans le bus...

Des pistes pour lutter contre le cyberharcelement

Justine Atlan, directrice générale de l’association E-Enfance

Il n’y a pas d’outils vraiment efficaces contre le cyberharcèlement. En revanche, on peut aider son ado à s’en protéger. Avant toute chose, on doit lui conseiller de réfléchir avant de publier. « A-t-il vraiment envie de rendre public son message ? Ne craint-il pas les moqueries ? Sera-t-il toujours capable de l’assumer devant tout le monde ? »

Rien ne s’efface sur Internet, même sur Snapchat dont le contenu est pourtant éphémère. On s’informe sur ses applis préférées (Tik Tok, YouTube et Instagram) et la manière dont il les utilise. « A-t-il limité l’audience de ses publications, caché sa liste d’amis... » En parler avec lui de façon naturelle permet d’avoir des discussions régulières sur les usages numériques et ses dérives. Avec les plus jeunes, jusqu’à 12 ans inclus, on met en place un contrat. « Ok, tu peux utiliser Snapchat mais à la condition de me donner ton mot de passe pour pouvoir vérifier de temps à autre que tout va bien. »

Des numéros pour aider les familles

Enseignants, parents, jeunes appelez le 3020

Le 3020 est un numéro d’écoute et de prise en charge au service des familles et des victimes mis en place par le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse et des Sports pour signaler les situations de harcèlement entre élèves.
Service et appel gratuit
Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 20h et le samedi de 9h à 18h (sauf les jours fériés)

Le 3018 : la ligne d’appel nationale des situations de cyberharcèlement

Gratuit, anonyme et confidentiel, le 3018 est le numéro national pour les enfants, les adolescents et les parents sur toutes les questions liées aux usages numériques des jeunes.

Une équipe dédiée, composée de psychologues, juristes et spécialistes des outils numériques, vous répond 6 jours sur 7, de 9h00 à 20h00.
Le numéro est disponible par téléphone, Messenger, WhatsApp, par e-mail ou vous pouvez être rappelé.

Mirentxu Bacquerie, Directrice générale de l'EPE-IDF (École des Parents et des Éducateurs d'Ile de France) nous parle du numéro vert "Non au harcèlement", le 3020

Mirentxu Bacquerie, Directrice générale de l'EPE-IDF (École des Parents et des Éducateurs d'Ile de France) nous parle du numéro vert "Non au harcèlement", le 3020