
Sommeil, jeu, ennui : repenser le temps de l’enfant
« L’enfant n’est pas un adulte en miniature, c’est un adulte en devenir et cette construction demande du temps », a rappelé Sophie Marinopoulos aux conventionnés réunis au CESE pour réfléchir au temps de l’enfant.
Le sommeil, un socle fragile
« Quand on ne dort pas assez, on a plus de difficultés à réguler ses émotions, à être concentré » et « cela crée des facteurs de risque pour la santé physique de l’enfant, comme l’obésité », a insisté Grégoire Borst, professeur de psychologie du développement et de neurosciences cognitives de l'éducation.
Les adolescents, chez qui le rythme de sommeil se décale de deux heures à la puberté, sont les plus à risque. Leur déficit de sommeil est aggravé par des rythmes scolaires inadaptés et par leur mauvaise perception de leur fatigue. « Quand un ado vous dit qu’il n’est pas fatigué, c’est une réalité ». Pourtant, 3 à 4 mois seraient nécessaires pour récupérer.
Il est important de maximiser le temps de sommeil de son enfant, tout en veillant à conserver un temps de partage entre le réveil et la première heure de classe, surtout chez les tout-petits, selon la psychologue et psychanalyste Sophie Marinopoulos. « Je vois beaucoup d’enfants avec des parents qui les laissent dormir jusqu’à la dernière seconde avant d’aller à l’école. Ce sont des enfants qui ne peuvent pas vivre le temps des retrouvailles avec ceux qui l'ont couché », un moment pourtant important pour leur stabilité émotionnelle.
Jouer, explorer… et s’ennuyer
Lâchez prise, donnez aux enfants du temps libre, sans objectif ni performance. Stéphanie Constans, maîtresse de conférences en psychologie du développement et de l’éducation, a recommandé aux conventionnés de « sortir de ce processus d’éducation permanent auquel on soumet l’enfant ».
L’ennui et « les activités non structurées, plus autonomes, sont porteuses d’énormément d’apprentissages informels [...] Quand l’enfant joue, il construit sa vie interne, sa valeur, sa dignité, l’amour de lui-même, il apprend à donner et à recevoir, il apprend l’échec et la frustration…», a ajouté Sophie Marinopoulos. L’enfant doit maîtriser au moins une partie de son temps libre pour s’éveiller.