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Alcool, drogue : quelle consommation chez les jeunes ?

Angèle Delbecq - Famille & éducation

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Cigarette, alcool, drogues, les adolescents consomment plus raisonnablement mais les spécialistes restent vigilants. L’adolescence reste une période de vulnérabilité alors que l’offre de produits addictifs n’a jamais été aussi vaste. Le point avec David Saint Vincent, psychologue et président de la Fédération Addiction.

En 2025, 8,4% des jeunes de 16 ans ont déjà expérimenté le cannabis, contre 31% il y a 10 ans. D’un extrême à l’autre, les adolescents français étaient alors parmi les plus nombreux d’Europe et « comptent aujourd’hui parmi les jeunes européens les moins concernés par son usage », selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT). Même constat pour les autres types de drogues, l’alcool et la cigarette : les ados se sont assagis

Mais ils semblent commencer plus tard. Entre 2017 et 2023, la consommation de drogues a même augmenté chez les 18-25 ans. Leur consommation de drogues et d’alcool serait d’ailleurs « parmi les plus importantes de l’Union européenne », selon un rapport la Cour des comptes. 

L’adolescence, une période à risque

« Une victoire après l’autre, tempère David Saint Vincent, psychologue et président de la Fédération Addiction, le principal objectif est de retarder les premiers usages car plus le cerveau est immature, plus il est vulnérable aux addictions ». Pour comprendre, « le cortex préfrontal, la partie du cerveau chargée d’analyser et de réprimer nos instincts et nos pulsions est celle qui arrive le plus tardivement à maturation et ne fonctionne pas bien chez les ados », développe-t-il. 

David Saint Vincent souligne également que l’expérimentation est propre à l’adolescence. C’est « la période où l’on sort du monde de l’enfance, avec l’unique modèle parental, pour découvrir plein de possibles différents ». Enfin, « le produit est aussi un médium pour sociabiliser, au moment où l’on n’est pas très à l’aise avec les autres ». 

Une offre exponentielle

« Aujourd’hui, la palette de produits à disposition est quasi-infinie », déclare le spécialiste, notamment à cause du raffinement chimique des produits. Depuis 2015, l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies détecte 400 nouveaux stupéfiants chaque année. David Saint Vincent met notamment en garde contre des cannabinoïdes de synthèse vendus dans certaines boutiques de CBD : « Ce n’est ni du cannabis, ni du CBD. Le problème est qu’on connait mal leurs effets et qu’un ‘Bad trip’ peut durer plusieurs heures contre une vingtaine de minutes sous cannabis ». Les addictologues ne sous-estiment pas non plus d’autres formes d’addiction, banalisées, telles que les jeux sportifs ou de hasard, ou les réseaux sociaux. 

La prévention s’est adaptée à l’offre exponentielle : « On ne fait plus de prévention produit par produit, mais on travaille sur les compétences psychosociales : comment dire non ? Comment ne pas céder à la pression dans le groupe ? Autant de prérequis qui permettront à un jeune de refuser un produit le jour où il y sera confronté », conclut le psychologue. Le recul de la consommation des jeunes donne raison à cette prévention positive et durable. Elle vise à faire prendre conscience aux jeunes de leur liberté plutôt qu’à leur faire peur. 

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