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« Portables en pause » : l’enseignement catholique l’expérimente déjà

Angèle Delbecq

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La ministre de l’Education nationale, Élisabeth Borne, a annoncé la généralisation du dispositif « portables en pause » qui vise à bloquer l’accès des collégiens à leur téléphone au sein des établissements publics, en plus de leur interdiction depuis 2018. Dans l’enseignement catholique, les établissements n’y sont pas tenus mais certains ont déjà commencé à mettre en œuvre ce dispositif.

Utiliser son téléphone portable au sein de l’établissement est déjà proscrit par le code de l’éducation depuis 2018, jusqu’à la troisième. À partir de la seconde, c’est à l’établissement de décider : l’Institution Sévigné de Compiègne a tranché, interdisant les téléphones à tous ses élèves jusqu’à la terminale. « Mais au fil des années, avec le développement des réseaux sociaux, on a constaté que de plus en plus d’élèves l’utilisaient en cachette », raconte Anne-Laure Boucher, la directrice du lycée.  

Ces pochettes "faraday", de l'Institut Sévigné, bloquent également les signaux des téléphones. Photo d'Ana da Silva, présidente d'Apel de l'établissement

Cette rentrée, le collège et le lycée Sévigné ont opté pour une solution radicale : chaque élève a reçu une pochette qu’il doit verrouiller sur une borne le matin et déverrouiller le soir. C’est un exemple d’outil permettant la mise en œuvre du dispositif “portables en pause” d’Élisabeth Borne.  

Bilan de la semaine : les équipes éducatives sont plus sereines. Selon la directrice, « les élèves n’ont plus la tentation d’utiliser leur téléphone, donc on les surveille moins ». Côté élèves, l’accueil est plus mitigé : « certains élèves appellent ça « la pochette-prison pour téléphone », mais ils coopèrent tous. », ironise sa collègue, directrice du collège, Delphine Fontaine.  

À Senlis, le lycée Saint Vincent a déjà un an de recul sur les bénéfices d’un tel dispositif. Chaque classe est équipée de poches en tissu fixées sur la porte d’entrée depuis la rentrée 2024. « Avant, les élèves étaient tous alignés par terre, dans les couloirs, sur leur téléphone, pendant les pauses. Maintenant, dès qu’ils ont un trou dans leur emploi du temps, ils vont au CDI, à la salle de gym, jouer au basket… », a relevé Sami Kouniali, le président d’Apel de l’établissement. Après quelques transgressions, l’établissement s’est équipé d’un détecteur de téléphones qui passe devant les cartables, dans les allées des classes, lors des examens. La direction de l’établissement, des enseignants et l’Apel ont rédigé, ensemble, une charte remise à tous les élèves et à leurs parents. 

Au lycée Saint-Vincent, les élèves ont une classe attritrée, permettant la mise en place de ce dispositif. Photo de Sami Kouniali, président d'Apel de l'établissement

L’utilisation pédagogique du téléphone, encadrée par les enseignants, est autorisée au lycée Saint Vincent. Mais le lycée Sévigné est intransigeant. Il compte sur sa salle équipée en ordinateurs et en tablettes pour couvrir les besoins des élèves.  

Des initiatives à généraliser ?  

La ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, souhaite généraliser ces dispositifs à tous les collèges publics d’ici fin 2025, après une expérimentation réussie dans 200 établissements, l’année scolaire dernière. L’Enseignement catholique n’est pour l’instant pas concerné par cette mesure, mais compte bien s’en saisir. Michaël Gac, chargé de mission au Secrétariat général, souhaite “prendre le temps de réfléchir à sa mise en œuvre”, car chaque système peut avoir des inconvénients.  

Avec des pochettes individuelles, il faut prévoir les flux d’élèves pour accéder aux bornes de verrouillage, notamment pour les élèves contraints par les bus scolaires, dont les horaires pourraient être adaptées. Avec des boîtes collectives, l’établissement serait responsable des casses ou des vols.  

Et puis il y a la question du coût. « Nous ne pourrons certainement pas bénéficier d’aides du département », souligne Michaël Gac. Les pochettes de l’Institution Sévigné ont coûté 8000€, co-financées par l’établissement, son Apel, et l’Apel départementale de l’Oise. L’investissement du lycée Saint Vincent était, lui, “très minime” a assuré sa cheffe d’établissement, Florence Poirier. 

Continuité éducative 

Autre problématique ciblée par les établissements : la coopération des parents. Selon Anne-Laure Boucher, « les parents ne mesurent pas toujours ce dont sont capables les jeunes sur les réseaux sociaux. On a beau agir à notre échelle, c’est aux parents de gérer cette problématique ». C’est le cas chez Ana da Silva, la présidente d’Apel de l’établissement, dont les enfants sont en 6e et en 3e: « Ma plus jeune fille n’a droit qu’à 2h de téléphone par jour. YouTube et TikTok sont interdits. Et le soir, les téléphones sont dans ma chambre ». C’est pourquoi Michaël Gac conclut : “Nous devrons repenser la place des outils connectés avec toute la communauté éducative.” 

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