Dans la dernière enquête Pisa dont les résultats viennent d'être publiés, le niveau des élèves français a encore baissé par rapport à la précédente enquête menée en 2018. À quoi ces mauvais résultats sont-ils dûs ? Que penser des mesures annoncées par le ministère pour faire progresser les élèves ? Analyse et réponses de nos experts.

L'avis d'Éric Charbonnier

Analyste de l'éducation pour l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) 

Le constat
Même si la baisse du niveau des élèves est générale sur l'ensemble des pays étudiés, la France enregistre une chute de 21 points la plaçant parmi les pays qui ont obtenu les plus mauvais résultats.

Les pistes  
Éric Charbonnier estime que l'enjeu actuel se situe au niveau du collège et que parmi les annonces du ministère de l'Education nationale, les groupes de niveaux pourraient améliorer le niveau des collégiens s'ils sont suffisamment flexibles et que les enseignants soient prêts à travailler différemment.

Parmi les autres pistes évoquées, l'analyste de l'OCDE propose également une grande réforme du métier d'enseignant, de continuer à lutter contre l'échec scolaire dès le plus jeune âge, de revaloriser les filières professionnelles et d'améliorer la mise en oeuvre des réformes dans les établissements scolaires.

L'avis de Mélanie Guenais

Enseignante-chercheuse en mathématiques à l'université Paris-Saclay

Le constat
Le niveau des élèves français a fortement chuté en mathématiques, comme pour l'ensemble des pays de l'OCDE. Pourtant les élèves aiment les maths car ils trouvent ça ludique, surtout en primaire. Au collège et au lycée, il n'y a plus "d'angoisse" des maths comme auparavant.

Les pistes
Mélanie Guenais s'interroge sur la publication simultanée des résultats Pisa et des futures réformes annoncées par le ministère de l'Éducation nationale. La chercheuse estime par exemple que les groupes de niveaux accentuent les inégalités scolaires, en faisant encore plus baisser le niveau des élèves les plus faibles et ne seraient donc pas une bonne chose à mettre en place.
Les pistes d'amélioration seraient plutôt à chercher du côté de l'accompagnement et de la formation des enseignants, pour permettre à tous les élèves d'atteindre les attentes fixées par les programmes.

L'avis de Grégoire Borst

Directeur du laboratoire de psychologie du développement et de l'éducation de l'enfant

Le constat
Le système éducatif français est l'un des plus mauvais des pays de l'OCDE en termes d'inégalités éducatives. Les mesures annoncées par le ministère de l'Education nationale ne répondent pas forcément à l'urgence éducative pointé par les mauvais résultats de l'enquête Pisa.

Les pistes
Le redoublement peut effectivement fonctionner pour certains élèves, mais pas pour d'autres, donc Grégoire Borst estime que finalement cela pourrait engendrer des conséquences plutôt négatives pour les élèves.

Quant aux groupes de niveaux, le chercheur constate qu'ils sont efficaces si on regroupe les élèves par les difficultés qu'ils rencontrent à un moment donné, sinon ils ont plutôt des effets négatifs pour les mauvais élèves et quasiment nuls pour les bons élèves.
Le chercheur préconise plutôt de se concentrer sur l'hétérogénéité des élèves et sur les inégalités éducatives, plutôt que sur le niveau des élèves.
Enfin pour faire progresser le système éducatif français, il recommande de davantage consulter les chercheurs qui ont mené des études pour réduire les inégalités éducatives et de les associer aux expertises pédagogiques des enseignants et des formateurs.

L'avis de Sylvie da Costa

Chargée de mission du secrétariat général de l'Enseignement catholique, service "Accueil de tous"

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